Quels leviers pour améliorer la transmissibilité ?
Rendre son exploitation attrayante pour mieux la céder repose sur la rentabilité et les marges dégagées mais aussi sur la qualité des terres, du troupeau, du bâti, de l’équipement et de la production. Tour d’horizon.
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Toute exploitation laitière possède des points forts et des points faibles qui vont la rendre plus ou moins facile à transmettre. Si certains sont immuables (situation géographique, secteur AOP, proximité d’un bassin d’emploi pour le conjoint, de consommation pour la vente directe, ou de services d’une ville ou d’un bourg), d’autres en revanche peuvent être corrigés afin d’améliorer l’attractivité, à condition de s’y prendre suffisamment à l’avance.
Parcellaire groupé et accessible
En élevage bovin laitier particulièrement, la qualité du parcellaire est l’un des premiers arguments auprès des porteurs de projet. Un parcellaire groupé et accessible offre davantage de choix dans le système de production en permettant, notamment, l’exploitation des prairies par le pâturage. Il contribue à la maîtrise des charges et améliore dans tous les cas les conditions de travail grâce au gain de temps. « Une parcelle distante de 9 km consomme trois fois plus de carburant et de temps qu’une parcelle située à 1 km, calcule Cyril Guerillot, chargé d’études et SIG à la chambre d’agriculture de Bretagne. Un chantier d’ensilage de 10 ha à 10 km représente au total 1 500 km à parcourir. »
Engager un travail d’échange parcellaire est donc pertinent pour renforcer l’attractivité de sa ferme dans la perspective d’une transmission. Cela demande souvent du temps et doit donc être anticipé. « Les échanges de propriété sont à privilégier car ils sont plus pérennes que les échanges de jouissance entre locataires, pas toujours reconduits », prévient Cyril Guerillot. « Il faut prendre en considération des éléments tels que les îlots Pac, les Maec, le plan d’épandage, l’autorisation d’exploiter », ajoute Emmanuelle Le Diouris, chargée d’animation territoriale à la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Pour être optimaux, les échanges parcellaires impliquent souvent plusieurs agriculteurs et tous doivent être gagnants au final. Parce qu’il n’est pas facile de se lancer seul, les chambres accompagnent ce type de projets en recueillant les besoins de chacun, en étudiant l’organisation foncière, en mettant en relation les acteurs et en apportant un appui administratif et juridique.
Outil de production et de travail fonctionnel
Les candidats à l’installation aspirent à développer un projet personnel qui sera souvent différent du projet mené par le cédant. Certains investissements tardifs peuvent donc être risqués s’ils ne correspondent pas à ces aspirations, d’autant plus qu’ils alourdissent la valeur de reprise. Toutefois, il est important de maintenir l’outil de production en l’état pour sécuriser le repreneur. « Un bâtiment, même vétuste, peut séduire s’il est propre et bien ordonné », estime Christian Veillaux, responsable de l’équipe herbivores de la chambre d’agriculture de Bretagne. Il faut notamment veiller à l’adaptation de la capacité de stockage, l’étanchéité des fosses, ainsi qu’à la cohérence du plan d’épandage, afin d’être en conformité avec la réglementation.
Du côté du troupeau, il ne faut pas relâcher l’attention sur le potentiel de renouvellement et l’état sanitaire, en éliminant les vaches à problèmes. Quant au système fourrager, « il faut rester vigilant sur la fertilité des sols, être clair sur le potentiel de rendement, et éviter de faire l’impasse sur les amendements et le renouvellement des prairies ».
Enfin, les candidats soucieux de leur équilibre entre vie professionnelle et personnelle seront attentifs au volume de travail généré par le système. « Il est utile d’évoquer l’environnement social, les possibilités d’entraide, de travail en Cuma, et d’imaginer des pistes possibles d’amélioration, même si le cédant ne les a pas lui-même mises en œuvre », souligne Christian Veillaux.
Bonne valorisation du lait
Le troupeau a un rôle déterminant sur la qualité du lait produit (sanitaire, taux) et donc sur sa valorisation. La nature du contrat liant l’éleveur à sa laiterie peut également faire partie des points forts de l’exploitation : lait de pâturage, sans OGM, en zone AOP, bio, etc.
L’agriculture biologique en particulier est plébiscitée par la nouvelle génération d’agriculteurs (voir encadré). De même, la transformation et la vente en circuits courts sont des aspirations fortes à l’heure actuelle et la proximité des centres urbains constitue un atout pour ces projets. Sur 437 installations aidées en Bretagne en 2020 toutes productions confondues, 23 % ont un projet de vente directe (5 % en bovins lait) et/ou 11 % un projet de transformation. En Pays de la Loire, 41 % des candidats souhaitent un projet de circuits courts et 18 % un projet de transformation (à l’étape du PPP, plan de professionnalisation personnalisé, en 2020).
Quant au volume de production de l’exploitation, « certains peuvent être tentés par la reprise de droits à produire en fin de carrière pour donner de l’attractivité, mais ce n’est pas forcément pertinent, estime Annette Hurault, conseillère transmission à la chambre d’agriculture de Bretagne. Il faut surtout veiller à l’autonomie fourragère et à la cohérence entre surfaces et production. »
Nathalie TiersPour accéder à l'ensembles nos offres :